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Filament d'étincelle
4 novembre 2018

Les défis fabuleux et frappés des funambules calligraphes #3

Hime-chan a décidé de donner dans le jeu de mot vaseux pour cette fois avec le thème "Pour une poignée de Doliprane". J'ai donc décidé de répondre par un texte versifié en alternance d'énéasyllabes et heptasyllabes et rimes suivies. 
Bonne lecture !

Lien vers le texte d'Hime-chan : ICI


 

Pour une poignée de Doliprane

DSC00013


Il est huit heures. Le long des souterrains
Défile le train-train du matin.
Sur le strapontin du métro, P’pa part au bureau
Et M’man se demande si son boulot
Finira par la payer autant que lui.
Sur l’quai d’en face, Seb’ et Lucie
Vont à l’école pour avoir un beau métier.
Tous me frôlent sans me regarder.
Pourquoi vouloir mes tickets à la sauvette,
Quand Navigo est la vraie vedette ?
Pourtant, j’ai besoin de quelques euros
Car ma maman à moi fait dodo
En crachant ses poumons, son sang et son vin,
Allongée au sol, deux rues plus loin.
Je ne veux qu’une poignée de Doliprane…


Il est huit heures. Au bout d’une ruelle,
A l’aspect sinistre et mortel,
P’pa me tend vingt euros pour une barrette.
Au bureau, il est sur la sellette
Et au lieu d’affronter M’man, Seb et Lucie,
Il préfère se plonger dans l’oubli.
Moi, je prendrai jusqu’à leur dernier centime,
Sans penser que je commets un crime.
Les dealeurs sont les premiers à être gentils,
A nous offrir enfin un abri,
Mais maman ne s’arrête pas de cracher
Poumons, sang et vin dans les WC.
Pour elle j’ai besoin de toujours plus de blé,
Sans quoi je pourrai pas acheter
Cette putain de poignée de Doliprane.


Il est huit heures. Dans la ville sans nom
Se glissent doucement les rayons
Du soleil. J’ai appris que P’pa était mort :
C’est une overdose, encore.
M’man doit se ruiner en antidépresseurs.
Il faut faire passer la rancœur.
Seb et Lucie haïssent le monde entier.
L’argent des études y est passé.
Je n’ai pas réussi à sauver maman.
Elle m’attendait depuis trop longtemps,
Noyant ses poumons dans le sang et le vin.
Je n’ai pas su la faire aller bien
Mais elle n’a jamais perdu foi en moi.
Pour elle, il fallait que je croie
Au miracle de la poignée de Doliprane.


Image : Photographie personnelle Pour une poignée de Doliprane

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